Ces dispositions ont permis d'ouvrir des fenêtres à l'arrière et sur l'un des côtés de l'immeuble et donc, de créer des grands et beaux appartements y compris en fond de parcelle, et pas uniquement sur la rue, comme c'est généralement le cas dans l'habitat haussmannien.

La S.A.F. de l'avenue de Versailles a été créée entre le 29 avril et le 13 mai 1924, très probablement en vue de cette opération de promotion immobilière. Son siège deviendra, d'ailleurs, les 130 et 132 avenue de Versailles jusqu'à la vente de l'immeuble.

Le début de l'année 1924 est consacrée à obtenir les autorisations administratives : l'Architecte Voyer de l'arrondissement refuse d'abord en février et en mars. Il demande des précisions et des modifications sur les plans. L'autorisation de construire est délivrée le 2 août 1924 (20 août pour « La Permission de Grande Voirie » par le Bureau des Alignements).

L'achat par la Caisse Autonome de Retraites des Ouvriers Mineurs (C.A.R.O.M.)

Ce 17 mai 1927, les membres de la Commission des Immeubles de la C.A.R.OM. s'interrogent : est-il préférable d'acquérir l'immeuble non encore achevé du 130/132 avenue de Versailles ou bien de faire construire un immeuble sur un terrain libre (il semble qu'il y en ait en vente dans le même quartier).

André Arfvidson, à la fois architecte de la C.A.R.O.M. et architecte des constructeurs de l'immeuble proposé, plaide sa cause. Après discussion sur les coûts et la rentabilité comparés des deux alternatives, la Commission décide de se rendre sur place. A l'issue de cette visite « Elle exprime son excellente impression tant sur l'aménagement que sur l'exécution matérielle des travaux » et décide « de proposer au Conseil d'Administration de réaliser cette acquisition en laissant au Directeur le soin de traiter au mieux dans la limite du prix maximum de 11 400 000 F. »

C'est ainsi que, le 25 mai 1927, la Société Anonyme Foncière de l'avenue de Versailles vend à la Caisse Autonome de Retraites des Ouvriers Mineurs «Un immeuble à usage de locaux d'habitation, en cours de construction, sis Avenue de Versailles numéros 130 et 132... ».
Cet immeuble comprend, chose encore rare, « au milieu (une) grande cour en partie couverte, à usage de remise à automobiles ».
Le 22 juin 1927, 51 appartements sont déjà loués, ainsi que 15 places automobiles.
Le 27 février 1929, l'Architecte Voyer du 16ème arrondissement délivre l'attestation de conformité de l'immeuble.

La Caisse Autonome Nationale de la Sécurité Sociale Dans les Mines

A sa création, par décret du 27 novembre 1946, La Caisse Autonome Nationale de La Sécurité Sociale dans les Mines (C.A.N.S.S.M.) succède la C.A.R.O.M et hérite de ses immeubles dont le 130/132 avenue de Versailles.

L'ancien garage automobile a longtemps abrité la Société Bourely (puis la société Pharmalab qui l'avait rachetée), grossiste répartiteur pharmaceutique. Après son départ en 2000, la C.A.N.S.S.M. a envisagé de recréer un garage, projet abandonné au vu du coût de la mise aux normes, des difficultés techniques et du petit nombre d'emplacements possibles. Les locaux ont finalement été reloués à une société d'évènementiel et de location de salles qui les a transformés et modernisés.

Le local commercial adjacent au jardin de droite a été occupée par une station-service, une des rares de Paris intra-muros. La société anonyme des Pétroles Jupiter, qui deviendra la Shell Française en 1948, obtint un permis de construire pour des sanitaires dans la partie de ce jardin limitrophe de l'avenue, travaux terminés en mars 1948. A l'automne 2013, la station-service a été remplacée par un show-room de Mini (Austin, Morris, Rover) d'origine remises à neuf.

«Le Chasseur d'Etoiles», magasin d'instruments d'optique pour l'astronomie a fait du 130, avenue de Versailles une bonne adresse pour les passionnés jusqu'à son départ en juin 2006.

La C.A.N.S.S.M. a réalisé des travaux conséquents d'amélioration de l'immeuble durant les années 1990/2000, entre autres :

• Accès aux escaliers de service par les halls du rez-de-chaussée (ces escaliers n'avaient auparavant aucune issue au rez-de-chaussée et n'étaient accessibles que depuis les sous-sols) et cloisonnement des cages d'escalier de service qui étaient jusque-là ouverts sur l'extérieur
• Transformation des chambres de service en appartements par regroupement.
• Rénovation des parties communes dont les halls et couloirs du rez-de-chaussée (photo-ci-dessous) et de la plupart des appartements.

Engagée dans un programme de cession d'actifs, la C.A.N.S.S.M. a vendu l'immeuble le 8 décembre 2009 pour participer au financement des retraites des pensionnés du Régime Minier.