Le village d'Auteuil
Les terres d'Auteuil, qui comprenaient également les territoires actuels de Passy et Boulogne, appartenaient à l'abbaye normande du Bec-Hellouin jusqu'à 1109, date à laquelle, suite à un échange de terres, elles devinrent la propriété de l'abbaye de Sainte-Geneviève. Cette abbaye, fondée par le roi Clovis, Clothilde son épouse et Sainte Geneviève, qui y furent ensevelis, se situait à l'emplacement de l'actuel Lycée Henri IV dans le 5ème arrondissement de Paris. Certains bâtiments du lycée en sont les vestiges, en particulier la tour Clovis, clocher de l'ancienne église de l'abbaye. Les abbés de Sainte-Geneviève furent les seigneurs d'Auteuil jusqu'à la Révolution. Les terres étaient riches en vignobles et les vins produits furent exportés jusqu'au Danemark.
A partir du milieu du 17ème siècle, Auteuil devint un lieu de villégiature, grâce à sa situation privilégiée sur la route de Versailles, entre le bois de Boulogne et la Seine. Les coches d'eau la desservaient à la belle saison. De plus, l'eau de ses sources était réputée guérir l'anémie et les maladies de foie. La paroisse de Passy fut détachée d'Auteuil en 1672.
Sur le plan de Roussel des environs de Paris (1733) le village d'Auteuil apparait entouré de nombreux jardins à la française dont l'un, très vaste, situé à l'emplacement actuel du parc et du groupe hospitalier Sainte-Périne et du parc, était celui de la Maison de campagne des « Génovéfains », les chanoines réguliers de la Congrégation de France dont le siège était l'abbaye Sainte-Geneviève. Alentour, les terrains sont agricoles, et au lieu-dit « Le Point du Jour, dont l'emplacement correspond au carrefour entre l'avenue de Versailles et l'actuel boulevard Exelmans, il est fait mention d'une glacière.
Sur la carte topographique des environs de Versailles dite « Carte des chasses du Roi » (levée en 1764 - gravée entre 1804 et 1807) la limite jardins d'agrément / terrains agricoles n'a pas évolué mais, le Point du Jour s'est enrichi de nombreuses constructions éparses, en particulier le long de la route de Versailles.
Cette densification est bien visible sur le Cadastre Napoléoniens (1808-1825) du village d'Auteuil, en particulier sur le triangle formé par la route de Versailles et la rue de la Réunion (future rue Jouvenet). Les constructions y sont devenues contigües sur de petites parcelles imbriquées. Autour, le parcellaire reste rural (parcelles étroites, profondes et peu construites) et les très grandes propriétés demeurent autour du village et de l'église d'Auteuil. Entre les deux, le terrain qui nous intéresse, assez vaste, n'est pas construit. Des constructions existent sur les parcelles situées à l'arrière. Un élargissement de la route de Versailles, déjà réalisé au Point du Jour, semble prévu au vu du découpage des parcelles.
En 1850, la Maison de campagne des « Génovéfains » est devenue la maison du Baron Gérard, François Gérard « le peintre des Rois et roi des peintres » anobli en 1819.
Sur le plan parcellaire de Paris après 1860 et l'annexion d'Auteuil, des rues nouvelles sont apparues (rue Lancret, par exemple), les parcelles rurales ont été loties et les constructions sont devenues urbaines. L'Institution Sainte-Périne avec son parc, la Maison de retraite Chardon-Lagache, l'Ecole Normale et l'Ecole Jean-Baptiste Say ont pris la place des très vastes et riches propriétés voisines de l'église d'Auteuil. De grands terrains demeurent dont certains sont intégrés à la Villa de la Réunion, créée le 18 février 1856.
Sur ce même plan, la parcelle du 130/132 avenue de Versailles, non construite, a été regroupée avec celle qui se situe à l'arrière, desservie par le passage Jouvenet et occupée par ce qui semble être une grande villa avec des dépendances.
Le parc Sainte-Périne occupe une partie de l'emplacement de la Maison de Campagne des Génovéfains